La vie funambule – 3ème dimanche d’Avent – Gaudete !
« Nos cerveaux complices ont même gagné une belle partie de Code Name dans le jardin. Toi tu regardais les branches du grand sapin, ta mère et moi faisions équipe contre Samuel et ton père. Il fallait, en disant un mot, que notre partenaire devine quelle série de mots lui était associée sur le plateau. J’ai dit « vulnérabilité » pour lui faire deviner « atout ». C’était risqué. Le risque a payé. Ton père te dira que nous avons au final perdu cette partie. C’est la vérité historique, disons. La vérité c’est que nous avons tellement gagné à associer atout et vulnérabilité. Nous avons gagné du fil sous ses pas de funambules. Beaucoup de rires, aussi. Et l’amitié de nous passer de toute forme de pitié ou de condescendance : je n’avais aucune santé à lui brandir sous le nez, je n’étais pas garde-malade, nous étions vulnérables et nous avions décidé que c’était la meilleure part de nos vies ». C’est avec les yeux plongés dans ce passage de « La vie funambule » de la pasteure Marion Muller-Colard que j’ai accueilli cette semaine l’appel téléphonique du vicaire général des salésiens de Don Bosco: « Bonjour Xavier, tu t’imagines bien que je ne t’appelle pas pour te souhaiter un Joyeux Noël 😅 »
Dans cette lettre adressée à Jeanne, un bébé au regard insondable, fille d’une amie très chère atteinte d’un cancer au début de sa grossesse, l’auteure théologienne poursuivait ce qui m’habitait alors : « J’ai tangué mais le fil bougeait sous ses pieds et aucun de nous ne pouvait vraiment se permettre de regarder en bas. Elle a posé son pied sur le socle du maintenant ».
C’était le lendemain de la fête de l’Immaculée Conception qui remémore aussi le premier « oui » de Don Bosco pour accueillir les jeunes de Turin et les accompagner sur leur chemin de Vie et de Foi, dans l’espérance d’un monde à leur hauteur, celle d’honnêtes citoyens et d’enfants de Dieu.
C’était le lendemain de la célébration dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris littéralement ressuscitée, ce chef-d’œuvre indescriptible de Beauté divine et de labeur humain relevé de ses cendres.
C’était le lendemain d’un Conseil Provincial, joie de faire équipe pour porter ensemble les défis qui s’associent au monde des jeunes d’aujourd’hui et de demain.
C’était le jour où Marie, du même nom que celle de Nazareth, une jeune de la paroisse, m’offre son âne en peluche comme pour dire avec un joli clin Dieu : « avance comme un âne, le regard posé sur le Christ, de la Crèche aux Rameaux ».
C’était la veille d’un dialogue fraternel de confiance et de continuité avec Daniel que je remercie encore vivement avec tous pour ce service qu’il rend fidèlement depuis 12 ans jusqu’en août prochain.
C’était la veille de tant de messages lumineux de communion et d’encouragement d’une grande famille intergénérationnelle tellement riche, variée, chaleureuse, aimante, joyeuse… en France et en Belgique-Sud.
Voilà les quelques socles du petit mot de trois lettres prononcés ce mercredi avec tant de tremblements et d’espérance, à la manière d’un gamin de 9 ans en appui sur un fil tendu entre deux arbres.
La vie funambule, n’est-ce pas le « oui » de toute vie humaine invitée à accueillir ce Dieu qui choisit de naître petit enfant avec pour seul socle, quelques brins de paille ? A Noël, Dieu se fait Homme, atout et vulnérabilité sont associés pour toujours. Partie céleste et terrestre de Code Name risquée et gagnée … ensemble, par Lui, avec Lui et en Lui !
Code Name: « Emmanuel, Dieu avec nous » !
Gaudete !
Xavier